Un lieu vivant est tombé aujourd’hui, ce n’est pas une page qui se tourne, c’est une page qui brûle. C’est la ville qui s’enterre dans les faux semblants des écologistes face à la préfecture raciste. L’ECG qui meurt, c’est une attaque de plus contre la solidarité à la Guill’ dans le contexte suffocant de la montée de l’extrême droite.
La Métropole EELV a décidé de faire table rase de cet îlot pour des projets immobiliers dont le seul objectif est d’envoyer les plus pauvres toujours plus loin du centre ville. Depuis plusieurs mois à Lyon, la Préfecture, la Métropole et la Mairie marchent main dans la main pour expulser des bâtiments occupés, des gymnases réquisitionnés, des campements de fortune... au mépris de la dignité humaine, de leurs propres engagements et parfois même en utilisant des procédures illégales.
Déroulé de l’expulsion
Dès 6h, les flics étaient sur place avec deux camionnettes banalisés. A 6h30, ils sont arrivés en nombre : une dizaine de camions et une autre de voitures banalisées ont mis en place un cordon de « sécurité » démesuré, bloquant complètement l’accès aux lieux et à une partie du quartier.
Une quarantaine de CRS casqués et armés est entrée, après que les flics en civil aient défoncé les portes et les murs de l’Annexe, puis de l’ECG. Certain.es habitant.es ont pu quitter les lieux avant l’intervention de la police, beaucoup n’ont pas pu prendre leurs affaires, dont leurs papiers. Toutes les personnes présentes ont été contrôlées et fouillées, et la PAF (police aux frontières) a embarqué au moins 5 habitants.
Après plusieurs heures tenu.es à l’écart pendant que l’Annexe et l’ECG étaient murés, un cortège s’est élancé derrière une banderole vers la Guillotière puis les locaux de la PAF pour alerter les lyonnais.es de la situation.
Vers 15h, les flics ont plié bagage, leur sale besogne accomplie, laissant un bâtiment vide et des gens à la rue. Il nous parait important de relever qu’aucun.e élu.e, de la Ville ou de la Métropole, n’a daigné être présent.e. Aucune solution de relogement n’a été proposée.
« Là, c’est un paradis pour moi »
Quelques témoignages d’habitant.es et copain.es du quartier pour donner une idée de tout ce que ce lieu a permis :
• « Là c’est un paradis pour moi. J’étais vraiment isolé en 2019. Quand je suis venu à l’ECG Annexe, ça a été une liberté pour moi. Si je prends le côté activités, les lyonnais, les étudiants, les gens du quartier, les voisins, il y a une bonne entente, il y a des personnes qui viennent faire le marché rouge, des étudiants qui viennent aussi faire leurs courses...c’est un lieu qui a beaucoup aidé les gens, surtout les personnes en difficultés et au final ça ne concerne pas seulement les migrants. Moi je vais partir des squats, tôt ou tard, aujourd’hui je travaille, j’ai mon contrat, mes papiers, mais je vais venir encore aider à supporter les personnes qui sont dans le besoin. »
• « C’est le genre d’endroit où on a l’impression d’avancer tous ensemble. »
• « J’étais en danger, on a essayé de m’assassiner. Je suis venu en France pour être protégé car c’est le pays des droits de l’homme. »
• « Expulser l’ECG, c’est de la créativité gâchée. »
• « C’est un lieu comme il n’y en a nulle part ailleurs : gratuit, ouvert à toustes, sans besoin de papier, qui aspire à fonctionner sans hiérarchie, qui fédère tout une vie de quartier. »
• « L’ECG fait partie des premières pierres d’un monde nouveau. »
• « Ici on a pas d’autres solutions pour dormir et se reposer. Si on peut nous donner un peu de temps pour trouver autre chose, pour se reposer un peu, sinon c’est la rue. Et la rue rend fou. Je vous remercie sincèrement. »
L’ECG et son Annexe, c’était quoi ?
L’ECG c’est un lieu de vie, de solidarité et d’organisation politique. 1 000 m2 au cœur de la Guillotière, quartier historique de l’immigration du centre-ville de Lyon, en pleine gentrification. Depuis 4 ans et demi, ces espaces occupés ont tenu à être des lieux d’auto-organisation pour le quartier. Ils ont notamment servi à :
• Abriter une quarantaine de personnes exilé·es permettant à ces collectifs d’habitant·es de s’entraider, de faire vivre les solidarités du quartier, et d’aller de l’avant alors que les politiques sont de plus en plus répressives à leur égard : pas de création de places d’hébergement, pas de prise en charge des personnes en demande d’asile, refus de leur régularisation, surprésence policière...
• Organiser la solidarité à l’échelle du quartier de la Guillotière, par des permanences d’entraides juridiques (droit d’asile, logement, galères multiples), des soins gratuits, des cours de français, des distributions alimentaires...
• Offrir un espace d’organisation politique à de nombreux collectifs et groupes sur des bases anticapitalistes, antisexistes, anti-racistes, anti-impérialistes
• Offrir un espace gratuit pour des activités culturelles, sportives, des bouffes de quartier, des fêtes..
Et après ?
Là où le gouvernement démissionne, nous n’abandonnerons pas. Nous ne laisserons pas des gens à la rue sans rien faire. Nous espérions que ce lieu puisse inspirer un monde plus solidaire. Cet espoir vit toujours. Vous entendrez reparlez de nous. Squats ici, ailleurs et puis partout !!
"Je dirai au Président, Emmanuel Macron, notre Président et tout son staff, le gouvernement… Je lui dis deux petits mots, on a une couverture médiatique alors on peut dire les choses : on se bat. S’il ferme ici, nous allons squatter l’Elysée." Paroles d’habitant.es
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