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Solidarité avec les peuples Iranien et Kurde.

Samedi 7 janvier 2023, 15h

Une centaine de personnes est rassemblée devant l’Église Saint-Louis, sur la place Félix Poulat, mais ce n’est ni pour une messe, ni pour un mariage. Dans la foule, on voit se côtoyer un drapeaux vert, blanc et rouge, un autre rouge et noir, et une multitude de pancartes. L’une d’elle représente une femme aux longs cheveux noirs flottant au vent. Elle vient de les libérer en ôtant son voile, qu’elle tient dans les mains. Il est vert, prend la forme d’une carte de l’Iran, et dessus sont écrits les mots « Femme, vie, liberté ».

Sur les marches qui mènent à la grande porte de l’édifice, disposées autour d’un panneau « Stop pendaison », des pancartes montrent des photos de visages, surmontées d’un titre : « Free Atrin Azarfar ». « Say her name, Asra Panahi ». Des dizaines d’affiches, en hommage aux victimes de la répression en Iran. Parmi elles, d’autres pancartes réclament justice pour les victimes du vol PS752, abattu accidentellement par le régime iranien il y a trois ans. Devant toutes ces images, face aux personnes rassemblées, une potence s’élève, symbole macabre des exécutions qui se succèdent depuis le début des manifestations en septembre 2022. Des fleurs rouges ont été placées dans la boucle de la corde, et sur le poteau, quatre portraits sont accrochés : les visages de deux iraniens exécutés aujourd’hui ; deux autres, arrêtés, qui attendent la sentence. Enfin, au pied des marches, un slogan est écrit sur un carton : « #Sanandaj, coeur battant de l’Iran ».
Sandaj, capitale du Kurdistan iranien, le simple nom de cette ville explique pourquoi ce rassemblement n’est pas seulement celui des iranien.nes, mais aussi celui des kurdes.

C’est d’ailleurs de cela dont il est question au moment où j’arrive. La personne au micro rappelle que Jina Mahsa Amini, la jeune femme assassinée par la Police des Mœurs en septembre, et dont la mort a déclenché le soulèvement toujours en cours, était Kurde. Elle rappelle que le peuple Kurde subit depuis des décennies la répression implacable du régime des Mollah Iraniens, mais aussi celle du régime Turc d’Erdoĝan, qui mène une politique de la terreur dans son pays, et a récemment mené de nouvelles attaques contre les Kurdes du Rojava, en Syrie. Elle rend hommage aux trois militant.es Kurdes assassiné.es à Paris en décembre, et aux trois autres tués en 2013, également à Paris, dénonce la responsabilité de la Turquie dans ces massacres, et l’inaction du gouvernement Français, à qui elle demande de reconnaître la dernière tuerie comme étant un acte terroriste.

Les prises de parole s’enchaînent, entrecoupées de chants et de slogans : « Femme, Vie, Liberté ! », « Démocratie pour l’Iran », « Laïcité pour l’Iran », « Libérez les prisonniers politiques », « Expulsez l’ambassadeur de l’Iran », « Mort aux dictateurs ! ». On dénonce à nouveau la dictature islamiste patriarcale et les exécutions des opposant.es, on condamne à nouveau la complaisance des pays occidentaux, on parle du prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes, décerné aux iraniennes, on exprime son soutien à la communauté kurde, on défend le projet « démocratique, laïc et féministe » du Rojava...

Les prises de parole se terminent avec une minute de silence, en hommage aux deux iraniens exécutés aujourd’hui.

Puis, pour conclure le rassemblement, un groupe de militant.es réalise une performance chorégraphiée sur un chant de résistance perse, terminant sur les trois mots répétés en boucle depuis septembre : « Zan, Zendegi, Azadi », « Femme, vie liberté ».

Puis la foule se disperse, la potence est rangée, les pancartes enlevées, ne reste plus qu’un petit groupe d’Iranien.nes qui se réconfortent, se prennent dans les bras. Le tram B passe, des gens entrent dans l’église. Un livreur à vélo s’engouffre dans la rue de Sault.

On reviendra samedi prochain.

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