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Soirée théâtre au 102 "Pisser dans l’herbe"

"Pisser dans l’herbe..." est interprétée par Philippe GIAI-MINIET et mise en scène par Mari-Paule GUILLET. La pièce dresse un tableau qui interroge la justice, l’Administration pénitentiaire et les modes répressifs préconisés depuis toujours.

Créée en décembre 2016 à la Parole Errante, "Pisser dans l’herbe..." est une pièce produite par le "Théatre du Sable". Ecrite en collaboration avec Christine RIBAILLY, bergère détenue pendant 4 ans, ce spectacle s’est aussi nourri de lettres de Philippe LALOUEL, Emilie D., et du livre "Pourquoi faudrait-il punir ? de Catherine BAKER aux éditions Tahin Party.

À partir des lettres de :
C. Ribailly, Émilie D., Philippe Lalouel, et du livre "Pourquoi faudrait-il punir ?" de Catherine Baker.
Framashère

Notes d’intention

"Il y a certaines professions qui intéressent plus que d’autres. Si je me suis emparé du métier de comédien assez tôt, il en est un autre qui m’a toujours fasciné, c’est celui de berger. Ces deux professions ont peu de points communs de prime abord mais il y a une valeur qu’ils partagent essentiellement à mon sens : la liberté. C’est pourquoi l’histoire de Christine Ribailly m’a tant touché. Une bergère en prison ? Comment est-ce possible ? Pourquoi est-elle en prison ? Pourquoi est-elle incarcérée alors qu’elle n’avait été condamnée qu’à deux mois ferme ? Qu’a-t-elle donc fait pour cela ? Quelle est cette "dangerosité" dont la justice et l’administration pénitentiaire se prévalent pour la garder entre quatre murs ? Je me suis mis en relation avec Christine, j’ai lu les nombreuses lettres qu’elle envoie à son comité de soutien et elle m’a mis en contact avec d’autres détenu(e)s. Au fil de nos échanges, les quelques assentiments que j’avais concernant la probité de notre système judiciaire et de son corollaire le système pénitentiaire, se sont effondrés. Si l’espace carcéral est un lieu caché et fermé qui limite les possibilités d’expressions individuelles ou collectives, le théatre permet encore d’ouvrir un espace illimité où la créativité et l’expression sont réputées "libres". J’ai proposé à Christine Ribailly de collaborer à l’écriture d’une pièce de théatre. "Pisser dans l’herbe..." est le fruit de notre travail intra et extra-muros. Artistes et berger(e)s peuvent-ils/elles être de grand(e)s rêveur(euse)s ? Sans doute. Et c’est tant mieux."
Philippe Giai-Miniet

"En septembre 2015, j’étais en prison depuis près de 3 ans, quand j’ai reçu une lettre d’un inconnu. Ce théatreux parigot (il râle quand je le définis comme ça alors j’en profite dans ce court texte !) se disait enthousiasmé par mes lettres publiées dans l’Envolée et autres sites militants anticéraux et abolitionnistes. Il voulait en faire une pièce de théatre et la monter. J’étais un peu circonspecte, surtout, ce que je ne voulais pas, était de devenir une égérie, un porte-drapeau. Alors j’ai proposé à d’autres filles d’écrire aussi (ça n’a pas soulevé un grand enthousiasme, certes). Une correspondance importante s’est mise en place avec Philippe. En même temps qu’il écrivait "Pisser dans l’herbe...", il découvrait peu à peu la prison en correspondant avec d’autres enfermé(e)s ou en s’impliquant dans les réseaux militants. Je corrigeais les textes au fur et à mesure pour limiter les erreurs techniques et l’approche trop "épique" de la lutte par rapport à la survie ren prison. Au bout d’un an, le texte était finalisé et riche d’échanges divers. Bien que je ne connaisse rien à la mise en scène, Philippe et Marie-Paule ont continué à me raconter leur travail, leurs idées...et je continuais à les commenter. Maintenant la pièce est montée.Je ne peux pas la voir. Je ne sais pas quand je le pourrais. Mais elle est le fruit de collaborations multiples entre taulard(e)s et/ou artistes. J’espère qu’elle permettra des débats et des actions pour qu’un jour CRÈVE LA TAULE !"
Christine Ribailly

"Lorsque Philippe Giai-Miniet me fait part de son projet de donner corps à des correspondances avec des détenu(e)s, je découvre une autre facette du monde carcéral. Ces échanges épistolaires montrent la volonté de quelques détenu(e)s qui par connaissance de la loi et de leurs droits, refusent de se laisser malmener, maltraiter par la direction pénitentiaire. La réaction à ces revendications entraîne systématiquement des peines de mitard et des allongements de peine. À l’image de notre personnage Camille, bergère, incarcérée pour une peine de deux mois, qui se retrouve quatre ans plus tard toujours entre les murs d’une prison pour des incidents relatifs aux conditions d’incarcération. Camille relève tout manquement aux procédures et interpelle le tribunal administratif à la moindre entorse à la loi. Camille agace l’administration pénitentiaire et les gardiens doivent faire régner le calme, sans revendications et sans soulèvements. Alors on la transfère encore et encore, ils se la refilent sans se demander ce qu’elle fait là et le bien fondé de ses interrogations. Loin d’être un agneau au milieu des loups, elle descend petit à petit dans la violence et se retrouve seule au milieu d’une incompréhension générale. De ses refus à donner ses empreintes à la volonté des matons de la faire plier par outrance de fouilles à nue, elle essaie de se maintenir en vie, de rester fidèle à elle-même. L’isolement, l’inquiètude, l’ennui et la peur durcissent les êtres humains. La vie collective n’est pas sans heurt, du profit des unes au vol des autres, la solidarité n’est qu’un leurrre car en prison on est seule, surtout seule ! Camille est un prénom générique. Le personnage concentre plusieurs parcours de détenu(e)s, hommes et femmes : un prénom mixte, une universalité autour d’une quête de respect et de liberté. Un seul personnage féminin joué par un homme ; le comédien s’empare de l’histoire fictive de Camille, bergère emprisonnée, en lui prêtant sa violence et sa naïveté. Tel un enfant qui découvre et se révolte face à une injustice souvent primaire. Des lettres parsemées pour un carré d’herbe verte auquel Camille se raccroche. Une solitude en rébellion qui petit à petit va perdre pied et laisser place à une violence sans possible retour..."
Marie-Paule Guillet

Les auteur(e)s sollicité(e)s

Christine Ribailly
47 ans. Elle a travaillé en tant qu’éducatrice puis est devenue bergère. Détenue pendant 4 ans, elle a obtenue une libération conditionnelle le 22 décembre 2016 et a repris son métier.

​Émilie Décourt
21 ans. Mère de 2 enfants. Étudiante. Elle était en détention en septembre 2015 à la Maison d’arrêt des femmes d’Orléans-Saran. Elle a été libérée en avril 2016.

Philippe Lalouel
Né en 1967, sa profession reste indéterminée. Il a connu la détention dès ses 19 ans. Il est actuellement incarcéré pour une longue peine au Centre pénitentiaire de Lannemezan.

Catherine Baker
Née en 1947, femme de lettres et journaliste, elle écrit sur l’éducation dans "Insoumission à l’école obligatoire", publié aux éditions Bernard Barrault. Elle créée des émissions de radio pour France Culture dont la thématique est liée à l’enfermement. En 2003, elle écrit "Pourquoi faudrait-il punir ?", mis en ligne par les éditions Tahin Party, en parallèle à une version papier de faible coût. Elle donne son autorisation avec enthousiasme pour que la pièce "Pisser dans l’herbe..." utilise des passages de ce livre.

Murielle Depouhon
Auteur compositrice de la berceuse : "Petit Newton".

mardi 5 décembre 2017

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