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Rassemblement ce soir à 18h - contre l’expulsion de "Chez Jésus"

Le refuge solidaire "Chez Jésus" a été expulsé.

L’Union Européenne était créée en vue d’un espace de libre ­échange et de libre circulation.

Pourtant, au sein de l’espace Schengen, les frontières se reforment. Elles sont invisibles aux yeux des privilégiés, mais sont bel et bien un espace de filtrage, de répression et de violence pour celles et ceux qui ne possèdent pas les bons papiers. L’UE maintient une dynamique créant des indésirables, où elle renforce ce déséquilibre existant déjà entre des « migrants » et des « citoyens européens », où les états membres se renvoient les vies de milliers de personnes comme si ceux­ ci n’étaient qu’une patate chaude dont personne ne veut.

Et la frontière franco­italienne ne fait pas exception, elle est devenue un outil pour les politiques sécuritaires, et une justification à la répression des personnes voulant poursuivre leur chemin vers une vie qui leur semble préférable – à celle des camps de travail italiens par exemple.

Suite à l’intensification des contrôles dans la partie sud de la frontière franco­italienne, les exilé.e.s souhaitant franchir la frontière sans encombres sont souvent contraints de trouver un point de passage plus au nord. Les passages par les cols de Montgenèvre et de l’Échelle devenant naturellement plus empruntés, la répression s’est elle aussi intensifiée à ces endroits.

Répression des exilé.e.s, en premier lieu, qui sont pourchassés dans la montagne, été comme hiver, faisant prendre des risques certains à ceux qui tentent la traversée. Dans les montagnes du briançonnais, la police aux frontières comme les militaires présents sur la zone effectuent une véritable chasse à l’homme : moto­neige en hiver, lampe infrarouge, embuscades... et s’en prennent physiquement à ces personnes (passage à tabac, vols) avant de les reconduire de l’autrecôté de la frontière à Claviere (2400 m d’altitude). La répression est telle que des mineurs réclamant leur argent volé ont été tabassés, et que trois morts ont été retrouvés dans la vallée depuis le printemps
2018. Ces derniers ne sont pas que des accidents en montagne : ce sont des victimes du dispositif policier et militaire à la frontière.

Face à cette situation, le besoin urgeait de s’organiser, et de mettre en place des lieux capables de limiter cette mise en danger permanente. Ce besoin s’est formé dans l’occupation du sous­sol de l’église de Clavière : « Chez Jésus » a donc ouvert ses portes le 22 février.

Ce lieu est rapidement devenu un espace de sécurité pour toutes les personnes le désirant. Un lieu de chaleur, de soins, d’entraide et d’échanges. Il a permis aux exilé.e.s de se munir d’équipements pour la traversée, de prendre des forces avant le départ, et d’obtenir toutes les informations nécessaires pour traverser dans des conditions moins dangereuses.

Il a été un lieu de rencontre pour toutes les personnes solidaires et sensibles à cette situation, un lieu d’organisation, un lieu de lutte. Il a également permis, grâce aux liens tissés ensemble entre solidaires et exilé.e.s, de collecter les informations sur les méthodes policières à la frontière, et d’observer l’évolution de la répression. C’est à travers ce croisement d’expériences subies, que la situation aux frontières a pu être visibilisée.

Dans le même temps que les solidaires s’organisent, la police et la justice ne sont pas en reste pour réprimer la solidarité. Depuis la marche du 22 avril où des centaines d’individus ont traversé la frontière pour montrer qu’elle est invisible à leurs yeux, 3 personnes ont été interpellées, placés en détention préventive puis assignées àrésidence. A cela s’ajoutent 4 personnes convoquées en garde à vue plus tard : elles subissent toutes un procès, prévu le 8 novembre, pour « aide au passage à la frontière illégal en bande organisée »
La volonté semble claire : briser la dynamique de solidarité, pour mettre de plus en plus en danger les personnes qui tentent de passer cette frontière.

Dans la droite ligne de cette répression : le Refuge Solidaire « Chez Jésus » vient d’être expulsé.

A la frontière comme à Grenoble, nos montagnes resteront ouvertes à tou.te.s. Grenoble, ville d’accueil, est solidaire face à l’expulsion de Chez Jésus. En espérant que nos actions ici puissent avoir un impact là­-bas, nous avons décidé aujourd’hui de faire de Clavière et de Grenoble des villes jumelles. Nul ne doute que la mairie, notoire délinquante de la solidarité, nous apporte son soutiens tacite pour cette action de communication.

Rassemblons nous aujourd’hui derrière l’hotel de ville dans le parc Paul Mistral pour officialiser ce jumelage et montrer notre mécontentement transfrontalier.

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mercredi 10 octobre 2018

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