Avant c’était un Chantier, aujourd’hui c’est juste un boxon
Ca y est, enfin, la mairie de Fontaine et l’Epfl, son infâme affidé, ont eu la peau du 14 rue Paul Vaillant Couturier. Ca planait dans l’air depuis 6 mois, mais désormais, un vigile campe devant le terrain, attentif à tout mouvement. Plus personne ne rentre, plus rien ne sort.
Le Chantier c’était des tonnes de matériaux récupérés et réutilisés, des ateliers pour s’apprendre à bricoler, un espace de jardinage ouvert à toutes celles et ceux qui n’ont pas la possibilité d’avoir un jardin particulier, des centaines de repas gratuits cuisinés, un espace de jeu pour les enfants, des concerts, des rencontres entre habitant.e.s du quartier, de la solidarité, des liens créés. C’était aussi une porte ouverte en toutes circonstances, un lieu sans surveillance, où chacun.e pouvait entrer quand elle ou il le souhaitait sans devoir se justifier.
La vision politique proposée par le Chantier n’est assurément pas en accord avec celle de la mairie qui préfère rendre les barbecues payants, détruire les actions d’éducation populaire ancrées localement, réduire les financements des initiatives culturelles, et dépenser toujours plus pour mettre des caméras à tous les coins de rue.
Les jardins ? Hors d’atteinte ! Le matériel ? Bientôt parti pour la déchetterie ! Les abris ? En voie de destruction ! Tout ce qui n’est pas propriété privée, tout ce qui est commun, doit disparaitre... Ce ne sont plus des matériaux appartenant à tous.tes, ce sont les déchets de l’EPFL, et même là dessus, la propriété privée étend son empire.
Bientôt, il ne restera de toutes ces années d’activité qu’une bien calme pelouse qu’on ne saura différencier des autres du quartier. Ce terrain qui a été l’écrin de nos luttes, un lieu fort de lien social, de vie de quartier, de lien intergénérationnel sera revendu, ainsi que la maison, et la mairie poussera un ouf de soulagement, peut être même un satisfecit dans le journal communal : "on a enfin viré ces effronté.e.s !"
"Pensez-vous !" lira-t-on. "Ils faisaient des cantines gratuites, des concerts, des réunions, du jardinage, une matériauthèque, et parfois même, des fêtes, où tout le monde était bienvenu. Des habitant.e.s du quartier aux grenoblois.e.s en goguette. Il fallait y mettre bon ordre, la sacro sainte propriété privée n’était plus respectée. Il fallait que ce jardin abandonné soit rendu lisse et morne. La stérilité de l’ordre bourgeois plutôt que le chaos bouillonnant de la vie." Le tout entre deux photos des aventures de Longo à la plage et de Thoviste à la neige.
Alors oui, on a vraiment gueulé, on a fait feu de tous bois, on a cherché de l’argent, on a eu des promesses de don, des offres d’achat, on a même manifesté, mais au final, on n’a eu ni terrain ni maison.
Pour autant, ce n’est pas fini, la cantine du Drac compte bien faire son repas d’adieu au Chantier quelque part dans le quartier.
Et on remercie toutes celles et ceux qui ont apporté leur soutien au Chantier à un moment ou un autre, d’une manière ou d’une autre.
On se retrouvera sûrement lors des prochaines actions contre la loi "Kasbarian", au prochain cycle "Prenons la Ville" de Lucse, ou aux réunions du Gnoup.
Pour que la ville ne devienne pas un espace mortifère, surveillé, payant et individualiste, continuons d’imaginer et de créer des espaces de liberté et de solidarité.
Le Chantier
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