« Le Chantier » est un lieu collectif implanté depuis 5 ans à Fontaine dans le quartier Bastille et qui propose de nombreuses ressources et activités aux habitant·es de ce quartier et d’ailleurs. Mais ce lieu est menacé : il est sous le coup d’une procédure d’expulsion. Des discussions étaient en cours avec la mairie pour trouver une solution pour pérenniser les activités du Chantier. Cependant la majorité municipale nous a récemment fait savoir qu’elle ne comptait pas reprendre ces discussions avant l’issue du procès, compromettant de manière certaine l’avenir du Chantier.
Le Chantier : un projet collectif, écologique et solidaire
Le Chantier est situé au 14 rue Paul Vaillant Couturier à Fontaine et accueille depuis 5 ans de nombreuses activités, assurées intégralement par des bénévoles. Ainsi une matériauthèque propose de venir déposer ou récupérer tous types de matériaux encore utilisables (bois, métal, tissu, carrelage...), permettant de réemployer les matériaux et de créer un espace de partage et de solidarité entre les habitant·es. Née de la crise du Covid, une cantine propose des repas gratuits, que chacun·e peut venir aider à préparer, grâce à la récupération d’invendus alimentaires donnés (entre autres) par des commerçant·es fontainois·es. Il y a aussi deux jardins partagés, cultivés collectivement, offrant un espace pour découvrir et expérimenter la culture et produire des légumes... qui pourront servir à la cantine ! Au final, ces activités de proximité permettent surtout de faire vivre le quartier Bastille et de créer du lien entre ses habitant·es. Si vous voulez découvrir ce lieu, le Chantier vous accueille les samedis de 10h à 13h.
Des discussions pour pérenniser les activités
Mais ce projet est menacé. Le Chantier est situé sur un terrain appartenant à l’EPFL. Cet organisme public avait acheté ce terrain pour le compte de la mairie de Fontaine il y a plus de 10 ans en vue d’un projet immobilier aujourd’hui abandonné. L’EPFL ne peut continuer indéfiniment le portage de ce terrain pour la mairie, laquelle doit donc décider ce qu’elle souhaite en faire.
Le nouveau maire, Frank Longo, a mis l’écologie et la réduction des déchets en bonne place dans son programme, ce qui laissait entrevoir un espoir pour le lieu collectif. Mais la mairie a demandé à l’EPFL d’engager une procédure d’expulsion, tout en nous assurant qu’elle était favorable à une pérennisation de nos activités. Lors d’un rendez-vous, Laurent Thoviste et Flavien Blanc nous ont assuré de leur soutien pour nos activités. Ils nous ont aussi proposé d’occuper un terrain nu situé dans le quartier des Alpes.
Cependant ce terrain ne pouvait convenir au Chantier. Non seulement seule une convention précaire pouvait nous être garantie, n’offrant aucune visibilité au-delà de quelques années. Par ailleurs nous sommes attaché·es au lien que nous avons patiemment tissé depuis 5 ans avec les habitant·es du quartier Bastille : nous ne pouvons pas simplement déplacer le Chantier comme un pion sur une carte de Fontaine car nous y perdrions tout ce travail de lien social1. Il nous était donc impossible de reconstruire le projet de zéro sans avoir aucune garantie sur la pérennité à long terme. Nous avons donc décliné la proposition de la mairie en lui proposant de se rencontrer pour en expliquer les raisons et discuter de propositions alternatives qui nous paraissent satisfaisantes.
D’autres solutions à explorer
Nous avons donc proposé à la mairie de discuter de l’éventualité de diviser la parcelle actuelle (contenant une maison inoccupée et le terrain sur lequel nous déployons nos activités). Ainsi la mairie pourrait vendre séparément la maison du reste du terrain, au demeurant trop grand pour une maison individuelle de cette taille, et éventuellement mieux valoriser l’ensemble de la parcelle. Nous avons travaillé à la faisabilité concrète de cette solution qui nous semble être positive à la fois pour la mairie, pour le Chantier et pour la vie du quartier. Nous avons notamment réussi rassemblé des promesses de contributions qui permettraient de racheter le terrain que nous occupons, et avons réuni des informations auprès de différents acteurs de l’immobilier afin de s’assurer de la faisabilité.
Par ailleurs, comme nous l’avons exprimé, le Chantier est prêt à discuter d’autres éventualités. En effet, dans l’optique de trouver au plus vite une solution convenable pour toutes les parties, il nous semble nécessaire de travailler parallèlement sur plusieurs possibilités afin d’augmenter les chances que l’une d’entre elles aboutisse le plus rapidement possible.
La mairie abandonne le Chantier ?
Cependant suite à nos demande de rendez-vous, et après l’avoir relancé, notre interlocuteur à la mairie nous a répondu : « nous ferons le point avec vous à l’issue de la procédure juridique engagée par l’EPFLD. » Attendre le résultat de la procédure d’expulsion pour continuer les discussions compromettrait pourtant de manière évidente les chances de pérenniser le projet. Que ce soit pour un rachat ou pour un déménagement, cela nécessite du temps et il nous semble important de continuer à y travailler sans tarder. Inversement, attendre l’issue du procès pour reprendre les discussions obligerait à travailler dans l’urgence et risquerait d’aboutir à une situation insatisfaisante pour la mairie comme pour le Chantier.
Nous avons donc été très surpris·es de cette réponse de la mairie, d’autant plus que dans un article de presse Laurent Thoviste s’était dit prêt à envisager l’option de la division de la parcelle. Nous demandons donc aux élus en charge de ce dossier de reconsidérer ce choix et d’accepter de nous rencontrer au plus vite, en particulier avant l’audience de la procédure d’expulsion qui aura lieu mercredi prochain (le 12 mai).
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