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Fermeture de deux centres d’hébergement à Grenoble : quelle considération pour les personnes hébergées ?

L’AJHIRALP (ex-AREPI) a fait savoir en début de semaine aux personnes hébergées dans deux centres d’hébergement dont elle assure la gestion (Perce-Neige, et le Centre d’Hébergement rue Leconte de Lisle dit « Marie Reynoard ») que les centres allaient fermer. Nous indignons aujourd’hui de cette situation pour différentes raisons.

L’ARJIRALP annonce la fermeture des centres devenus « invivables en été » alors qu’elle a laissé les personnes hébergés dans des conditions de vie particulièrement désastreuses depuis le début de l’hiver. Pour exemple :
• Les deux centres ne sont constitués que d’Algecos (15m2) dans lesquels s’entassent des familles jusqu’à 7 personnes, ou bien cohabitent des personnes qui ne se connaissent pas. Ces Algecos glacials l’hiver deviennent des fours avec l’été.
• Les conditions sanitaires sont déplorables : des sanitaires de chantier (2 pour 60 personnes, ou 1 pour 18 personnes installée depuis le confinement). Des douches inexistantes (Perce- Neige) ou insuffisantes (2 douches pour 60 personnes à Marie Reynoard). À part la toilette à Perce-Neige, rien n’a été amélioré au niveau de l’hygiène avec l’épidémie de Covid 19.
• Les conditions d’hygiène sont insuffisantes : du matériel pour nettoyer les parties communes ou pour respecter les mesures d’hygiène recommandées n’a été distribué qu’après interpellation des associations, 8 jours après le début du confinement. Aucun masque ni gel hydroalcoolique n’a été fourni aux personnes hébergées malgré la forte promiscuité à laquelle elles sont contraintes. Une machine à laver pour 60 personnes (à Marie-Reynoard) ou aucune de machine (à Perce-Neige)
• Les conditions d’alimentation sont déplorables : une cuisine trop petite ou inexistante (3 plaques de cuisson pour 9 familles à Marie-Reynoard)
• Les conditions de vie sociale sont mauvaise : aucun équipement permettant aux enfants de jouer ou de suivre l’école durant le confinement.
L’AJHIRALP a donc créé elle-même ces conditions invivables justifiant la fermeture des centres alors que la trêve hivernale et l’urgence sanitaire courent toujours.

L’AJHIRALP a laissé pendant la totalité de l’hiver les personnes hébergées sans suivi social, contrairement à la définition même du centre hébergement d’urgence (art 345-2-3 du code de l’action sociale et des familles : « Toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir y bénéficier d’un accompagnement personnalisé »). Plusieurs familles ont même perdu leur suivi social (AS du département, du SILEF) pendant l’hiver du fait que celui-ci devait être assuré par l’AJHIRALP. Au lieu de cela, les familles hébergées à Perce-Neige et Marie-Reynoard ont été livrées à elles-mêmes, avec pour seul contact régulier les vigiles embauchés par une entreprise extérieure. Pire, les rares travailleurs sociaux passant une fois par mois avaient pour consigne écrite de ne pas entamer de procédure (DAHO/DALO par exemple) avec les familles.
L’AJHIRALP n’a donc pas accompagné les familles des centres dont elle est responsable pendant tout l’hiver, en les maintenant dans un non-accès aux droits.

L’AJHIRALP annonce aujourd’hui la fermeture imminente des deux centres sans même communiquer avec les familles sur la suite de leur hébergement. Elles sont laissées dans l’inquiétude d’une remise à la rue, sans informations sur la suite, et bien souvent la presse ou d’autres associations sont tenues informées avant les premières concernées. Le déménagement forcé (parfois jusqu’à l’Isle-d’Abeau) ou pire le retour à la rue entraînera des conséquences graves sur leurs vies (rupture de scolarité pour les enfants, de soins de santé) mais elles sont les dernières à connaître le sort auquel elles seront livrées.
L’AJHIRALP méprise les familles qu’elle héberge et les considèrent « comme du bétail » qu’elle peut déplacer à son gré, comme le disent certaines personnes hébergées.

Nous dénonçons la gestion inhumaine des centres d’hébergement par des « associations » qui comme l’AGIRALP manipulent les personnes comme des chiffres.
Cette gestion inhumaine n’est permise que parce que les financeurs publics (Préfecture et DDCS de l’Isère) préfèrent restreindre chaque année les budgets plutôt que de favoriser des conditions d’accueil humaines.
Elle n’est possible que parce que les collectivités locales continuent de fermer les yeux ou de collaborer (les centres de Marie-Reynoard et de Perce_Neige sont situés sur des terrains municipaux), tout en organisant la pénurie de logements sociaux sur l’agglomération.
Elle existe malgré le contexte de « crise sanitaire » car le gouvernement préfère sauver l’économie plutôt que nos vies, sacrifiant encore davantage les personnes précarisées et victimes du non-accueil organisé.
Nous dénonçons ces fermetures alors que la trêve hivernale court toujours et nous nous
assurons que personne ne soit remis à la rue lors de ces déménagements imposés.

Contact :
lutte-hebergement-grenoble@riseup.net
0753911874

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