Comment l’histoire marque-t-elle l’espace ? Quelles traces reste-t-il des violences qui s’y sont passées ? Comment entretenir une mémoire collective ? Mais surtout comment faire pour que ces histoires de violences, d’exclusions, d’oppression ne se répètent plus ?
Le parc Flandrin-Valmy, derrière le Stade des Alpes, près de l’Isère.
En automne 2016, des personnes dorment toutes les nuits dans ce parc. Au moins onze famille (dont 21 mineurs) qui demandent l’asile en france. Cependant, comme de nombreuses personnes en demande d’asile, iels ne bénéficient d’aucun logement ni aucun hébergement, malgré que les conventions internationales et les lois nationales l’exigent.
Courant octobre de cette année-là, la mairie de Grenoble met en place une véritable politique de harcèlement à l’encontre de ces personnes. Chaque jour, la police municipale leur demande de démonter leurs tentes quelque soit la météo et les affaires sont entassées parfois sous la pluie. Certains jours, elles sont même confisquées, jetées ou saccagées .
La mairie affirme qu’elle ne procède à aucune expulsion, qu’elle mène une politique de lutte contre le camping sauvage. Les politiciens ajoutent que les personnes démontent leur tente de leur plein gré quand la police leur demande. Quelle mauvaise foi ! Comme si ces familles faisaient du camping de loisir ? Comme si la pression policière permettait de faire quelque chose de son plein gré !
En réunion, la mairie en vient à parler « d’appel d’air », que si elle tolère un campement, alors cela attirerait d’autre personnes. Finalement, la municipalité de Piolle justifie ses politiques de harcèlement avec exactement les mêmes arguments que la droite et l’extrême droite !
En décembre, le campement est expulsé, les affaires détruites au bulldozer. Plusieurs personnes sont enfermé en Centre de Rétention Administrative en vu d’être expulsées de france. La plupart des familles sont hébergées, mais seulement pour deux semaines et en majorité dans des hôtels. Même si les hébergements peuvent être renouvelés, s’engager à aussi court terme met les personnes dans une position d’insécurité et de précarité, ne sachant jamais ce qui pourrait leur arriver la semaine suivante. Cela fait partie de politique de précarisation et de harcèlement des réfugiés. Leur situation reste donc très précaire d’autant plus qu’il n’est, par exemple, pas possible de cuisiner dans un hôtel.
Par ailleurs ,pour nommer l’expulsion, la mairie parle de « démantèlement » du campement. Le terme démantèlement est habituellement utilisé pour parler de réseaux, notamment criminels, mafieux ou terroristes. Parler de démantèlement ici revient à faire un amalgame entre personnes réfugiées et criminels. C’est un amalgame parfaitement raciste !
En février 2017, l’assemblée des mal-logé-e-s organise un goûter puis une occupation de ce même parc avec une quarantaine de personnes qui luttent pour obtenir un hébergement auquel elles auraient légalement droit. Après quelques jours, la police tente d’expulser illégalement par un coup de force, expulsion qui n’aura pas lieu grâce aux soutiens. Suite à cela, la mairie et la préfecture se renvoient la balle pour savoir qui aurait ordonné cette tentative d’expulsion !
Dans les mois qui suivent, à plusieurs reprises, des fascistes attaquent le campement, notamment après après une manifestation d’extrême droite : des motards sont venus dans le camps armés de battes de base-ball et de barre de fer en criant des insultes et des menaces de mort. Deux jours plus tard, des cocktails molotov sont lancés aux abord du campement et provoquent un départ d’incendie.
La mairie ne dénoncera pas publiquement ces actes racistes. Elle participera plutôt à l’expulsion le 24 mai grâce à un arrêté préfectoral pour risque de troubles à l’ordre public qui fait suite aux agressions racistes qui ont eu lieu les jours précédents. Comme si les responsables étaient les habitant-e-s du campement, et non pas les fachos ! Les 166 habitant-e-s sont ensuite hébergé-e-s… dans des gymnases ! Dormir dans un gymnase n’est aucunement une solution d’hébergement, cela ne permet ni de manger, ni de dormir convenablement, ni vivre ou suivre une scolarité correctement.
La mairie installe d’abord des pierres et des grilles pour empêcher toute réinstallation, comme à chaque expulsion.
En 2020, des panneaux annoncent dans ce même parc des travaux en vue de la création des « Jardins sans frontières », avec le joli logo de la mairie ! La municipalité se fait mousser sur des projets solidaires et associatifs tout en menant une politique répressive contre des gens qui vivent à la rue, dans des campements, des squats ou contre des collectifs en lutte.
D’un côté il y a les mots : aller au col de Montgenêvre faire un discours, communiquer sur l’installation de jardins associatifs créés avec et pour des réfugiés, conventionnement ultra-médiatisé d’une asso de SDF dans une maison restée vide des années, …
De l’autre il y a les actes : harcèlement de campement par les policiers municipaux ; expulsions de squats et de campements ; coupure d’eau, de chauffage et d’électricité en plein hiver dans un squat de demandeurs de papiers et autres précaires ; politique d’embourgeoisement et d’expulsion des quartiers populaires, mépris et refus de recevoir des collectifs ou associations en lutte, etc.
Le parc Valmy n’est pas seulement un endroit ou la mairie a permis aux Jardins sans frontières de s’installer, c’est aussi un lieu ou cette municipalité a mené des politiques immondes et racistes. On a écrit ce texte, parce qu’on ne veut pas que ce bout de l’histoire passe aux oubliettes, on ne veut pas que la mairie puisse utiliser l’installation des Jardins sans frontières pour effacer ses actes.
Globalement, la mairie se sert de tout les projets qu’elle peut pour se glorifier, elle tente de récupérer chaque initiative à des fins politiciennes. Ces récupérations lui donne aussi du pouvoir au sein de ces mouvements, d’une part grâce a des moyens de pression matériels (liés aux conventions) mais aussi grâce à une sorte de prestige surfait. La municipalité mène des politiques anti-sociales qu’elle tente d’invisibiliser avec quelques coup de pubs par-ci par-là
Contre l’utilisation médiatique de nos initiatives et de nos luttes !
Pour se souvenir de l’histoire du parc Valmy !
Compléments d'info à l'article