rencontre avec Thierry Ribault
autour de son livre Contre la résilience, à Fukushima et ailleurs
à la bibli les pages manquantes (102 - rue d’alembert gre)
qui ouvre à 18h00, la discut’ commencera à 19h
repas et entrée prix libre
Du ministère de la résilience créé au Japon après le désastre nucléaire de Fukushima en mars 2011, à l’Opération Résilience lancée en France en mars 2020 contre l’épidémie de Covid-19 ; de la loi Climat et résilience de 2021, à la mission parlementaire sur la résilience nationale dont le rapport publié le 22 février 2022, deux jours avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, préconise un projet de loi « Engagement et résilience de la nation » ; des récentes déclarations tonitruantes du ministre des Armées Sébastien Lecornu visant à faire des Français « un peuple résilient préparé à tous les risques », aux incantations de la Secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du « plein déploiement » du Service national universel, Sarah El Haïry, selon qui « le pays a intérêt à accompagner le renforcement de la résilience parmi la jeunesse » ; sans oublier les « journées de la culture du risque », un « événement ludique pour toute la famille » organisé à la mi-octobre à Rouen, trois ans après la catastrophe de Lubrizol dans le cadre de la « Journée nationale de la résilience ».
Comment et à quoi nous amène-t-elle à consentir ? Il s’agit en premier lieu de consentir à la fatalité des désastres afin d’apprendre à « vivre avec », sans jamais s’attaquer à leurs causes. Consentir encore à la participation pour fonder, à travers la cogestion des dégâts, la déresponsabilisation des décideurs et la culpabilisation des victimes. Quant au consentement à l’ignorance, il consiste à nous désapprendre à être affectés par ce qui nous touche au plus profond de nous, notre santé notamment, mais aussi notre désir de liberté et de vérité. Enfin il s’agit de consentir à l’entraînement, à l’apprentissage et à l’expérimentation de conditions de vie dégradées par le désastre.
L’analyse critique de la résilience préconise de nous défaire de cette arme d’adaptation massive, parce qu’elle est, dans les faits, l’art de faire du malheur un mérite. Il nous faut sortir de la logique du sacrifice à laquelle la résiliomanie nous invite à souscrire.
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