Rencontre avec l’auteur-graffeur Timothée Engasser pour une présentation d’Antigraffitisme : Aseptiser les villes, contrôler les corps. Décaper, assainir, sécuriser. Un livre co-écrit avec son camarade d’études et de graffitis, devenu ami, Jean-Baptiste Barra.

Loin des valeurs esthétiques et marchandes du street art, les auteurs font de leur pratique du graffiti l’objet d’étude de ce livre. Pratique collective et conflictuelle qui résiste à la réduction en art, le graffiti est souvent réduit à des discours stéréotypés. Tout comme leurs auteurs-rices sont associé-es à des vandales. Des représentations que les auteurs cherchent à dépasser pour partager et se réapproprier cette pratique. Pour cela, ils mobilisent un important corpus pluridisciplinaire de chercheurs-euses en sciences humaines et sociales, tout en s’appuyant sur des enquêtes menées avec d’autres graffeur-euses et des sorties de terrain.

Leurs rencontres avec la répression et l’effacement quasi systématique des graffitis ont constitué un moteur dans l’écriture de ce livre. Ils en retracent la construction socio-historique, avec une première partie sur les courants hygiénistes du 18ème siècle, en quête d’assainissement afin d’annihiler tout risque de contagion. La seconde partie commence dans les années 1980, avec le développement d’un marché économique de l’hygiène et un urbanisme antigraffiti. C’est tout un business du propre et une politique d’urbanisme sécuritaire qui se déploient. Détruire les inscriptions en décapant les murs, ainsi que l’omniprésence de dispositifs matériels et sécuritaires, doivent nous interroger. Surtout, le monopole de l’écriture par les garants de l’ordre et du pouvoir symbolique privent la postérité des récits de luttes et de résistances. Ces logiques de contrôle qui se déploient ne sont plus circonscrites aux graffeur-euses. Désormais, elles nous concernent toustes.

Levez la tête, observez les murs. Vous verrez les luttes qui s’y jouent.

Ouverture : 19h
Présentation : 20h
Prix libre