Voici plus de 20 jours que le camp transfrontalier résiste à Clavière.
La frontière et ses dynamiques meurtrières ne cessent d’évoluer et d’ici nous continuons à surveiller et à agir contre la violence que les États perpétuent à l’encontre de celleux qui veulent la traverser ou qui sont déterminés à s’y opposer.
À la frontière comme dans les CPR (Centro di permanenza per i rimpatri,équivalent des Centres de Rétention Administrative français) et dans les prisons, la violence des États est mise en œuvre aussi grâce a la collaboration des associations humanitaires, en accord avec la préfecture et en relation directe avec les polices.
La Croix-Rouge, qui est présente chaque soir à Clavière à l’arrivée du bus, devrait garantir un support medico-sanitaire aux personnes qui traversent la montagne ou qui se blessent en fuyant la gendarmerie, la PAF (Police Aux Frontières) et les militaires. En réalité, elle est
souvent complètement absente après 22h.
Mais en vrai, en accord avec les polices italiennes et française, la Croix-Rouge participe aux refoulements. C’est souvent l’ambulance elle-même qui est responsable du transport, vers le refuge de Oulx, des personnes refoulées par la PAF.
Les opérateurs de la Croix-Rouge distribuent depuis des mois un dépliant trompeur qui intime les personnes à ne pas se mettre en danger fàce aux risques de la montagne.
La montagne peut être dangereuse, nous le savons, surtout de nuit, dans le froid et sans connaître le territoire. Mais c’est la présence des flics qui la rend meurtrière. Les frontières tuent, aussi bien sur la mer Mediterranee et à Ventimille, que dans ces montagnes où 4 personnes sont mortes ces dernières années et où d´innombrables autres ont subis des vols, des coups et des agressions. Rien que cette semaine, plus d’une personne à subi des blessures et des lésions en fuyant la police qui patrouille sur les chemins, afin d’échapper à leur contrôle et à leur violence. Cette semaine encore, une femme en début de grossesse a fait une fausse couche après avoir marché de nuit pour traverser la frontière.
La répression cible également ceux qui sont sur le camp : chaque jour nous sommes contrôlés et identifiés. Ils veulent nous intimider et nous menacer parce que notre présence est incommode, surtout avec l’arrivée de la saison estivale et des touristes.
D’après les témoignages des personnes qui ont étés refoulés, nous savons que la police italienne est de plus en plus impliquée dans ces opérations.
Jeudi dans l’après-midi les flics ont été vus dans les locaux du refuge Talitha Kum à Oulx. Il y a quelques jours, on apprenait l’arrivée de 180 000 euros de financement pour le refuge de la part de la préfecture.
Ces deux derniers jours, la police italienne est même entrée dans le poste de la PAF pour relever immédiatement les empreintes des personnes enfermées pendant la nuit. Il est désormais courant qu’une fois repoussées, les personnes reçoivent un papier les obligeant à se présenter au poste de police de Turin : tentative d’intégration coercitive des personnes en deplacement dans un État dans lequel elles ne veulent manifestement pas rester.
Ce morceau de papier de plus, cette énième intimidation visant a empêcher les gens de poursuivre leur voyage vers la destination choisie, n’est qu’une porte fermée de plus dans ce labyrinthe bureaucratique que les États et leurs frontières construisent pour limiter la liberté des personnes.
De telles collaborations entre les polices italiennes et françaises ne sont pas une surprise mais un exemple clair de la manière dont la forteresse européennemet met en œuvre ses politiques racistes et oppressives en vue de la gestion et du contrôle de la vie des personne sans papiers, par le renforcement de ses frontières internes et externes.
Contre les États, les frontières et tous leurs complices, organisons-nous et agissons. Le camp de résistance transfrontalier continue, rejoignez-nous !
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