Les résultats des européennes sont loin de nous surprendre et s’inscrivent dans l’affligeante continuité de banalisation de l’extrême droite par le pouvoir en place et par les forces médiatiques. Ces résultats sont aussi le symbole douloureux de l’échec de la gauche à combattre le pacte raciste sur lequel reposent les votes d’extrême droite.

La question maintenant est de se demander quel rôle on se donne, nous militant.es, dans la mobilisation aujourd’hui et dans les décennies à venir ? Comment on sort des réactions à chaud, de la surprise constante, de la prise de conscience superficielle, et qu’on construit une offensive durable sur le temps long ?

Pour nous militant.es décoloniaux, au sein d’Urgence Palestine Grenoble, nous sommes dans l’urgence de la lutte contre la suprématie blanche depuis des décennies. Le fascisme ce n’est pas uniquement le RN, c’est tout le processus de fascisation de l’état, des médias et de la société ! La France ne se réveille pas raciste. C’est donc l’histoire longue du colonialisme français, y compris au sein de la gauche, qu’il s’agit de visibiliser pour armer notre lutte et l’ancrer dans la réalité d’une partie de la population qui vit cette urgence depuis longtemps. Il nous faut faire ce travail de conscientisation politique pour sortir de l’effroi constant et comprendre que la banalisation de l’extrême droite est le reflet de la banalisation du racisme, du fait colonial et de la blanchité dans l’ensemble de l’état, des institutions et de la société. Se taire et refuser de faire front face aux lois racistes et islamophobes, aux violences policières, aux fermetures administratives de mosquées, aux exclusions de femmes musulmanes portant le voile et plus globalement la ségrégation sociale que subissent les quartiers populaires participe au déplacement de la ligne politique vers toujours plus de racisme structurel.

Notre rôle dans la mobilisation est de pousser un front populaire radicalement antiraciste et anti-colonialiste et nous devons le construire avec les personnes dont les vies sont en première ligne. Nous devons rompre définitivement avec l’antiracisme moral de la gauche qui ne permet pas de comprendre et lutter contre les acteurs du racisme structurel. Nous devons reconnaitre et mettre au centre les personnes dont l’expérience quotidienne est de faire face au racisme et fascisme ambiant.

Pour nous, la Palestine est une boussole car elle permet de clarifier toutes les lignes de lutte : des luttes anticoloniales aux luttes antiracistes, des luttes féministes au luttes LGBT, des luttes écologistes aux luttes contre le libéralisme. C’est pourquoi nous appelons à se mobiliser le 22 juin pour une grande manifestation contre le racisme, le fascisme et pour la liberation de la Palestine. Nous vous invitons à participer nombreux à cette manifestation pour faire passer le message que le front populaire ne se fera pas en mettant sous le tapis les questions du colonialisme, du racisme et des violences systémiques qui en découlent.