Publié le 13 novembre 2021 - sur le site de Survie.
En maintenant le troisième et dernier référendum sur l’indépendance le 12 décembre en Kanaky Nouvelle-Calédonie, malgré la crise sanitaire et la non-participation annoncée du camp indépendantiste, l’État français tente un dangereux coup de force pour maintenir coûte que coûte le territoire dans son giron, et prend la responsabilité d’une crise politique majeure.
La crise épidémique qui frappe durement le territoire calédonien depuis septembre 2021 avait conduit la totalité des partis indépendantistes à demander le report du scrutin, l’accord de Nouméa permettant d’organiser la dernière consultation jusqu’en septembre 2022. En effet, les différentes mesures de confinement et de restriction des déplacements, mais aussi les deuils qui touchent particulièrement les communautés kanak et océaniennes, ne permettent pas de mener campagne, et se rendre aux urnes constituerait un risque de reprise de l’épidémie. Seul le report à septembre 2022 permettrait le déroulement de la dernière consultation référendaire prévue par l’accord de Nouméa de manière sereine, démocratique et indiscutable. [1]
En maintenant cette date, le gouvernement, qui s’oppose de plus en plus ouvertement à l’indépendance [2], privilégie son propre agenda. D’une part, il espère ainsi enterrer le processus de décolonisation à l’œuvre depuis 30 ans et l’inscrire au bilan de sa mandature dans la perspective des présidentielles de mai 2022. D’autre part, resserrer le calendrier pourrait empêcher que la progression du vote indépendantiste ne permette une victoire du oui à l’indépendance. [3]
Organisé en pleine crise sanitaire et sans la participation du peuple premier, représenté par le mouvement indépendantiste, le 3e référendum d’autodétermination de Kanaky-Nouvelle Calédonie ne pourra en aucun cas être considéré comme valide et crédible. L’État français piétine ainsi les engagements pris depuis 1988 et inscrits dans la Constitution en 1998 au titre de l’accord de Nouméa.
L’État français devra donc assumer l’intégralité des conséquences : la crise politique dans laquelle est désormais plongé le territoire, la rupture totale du dialogue avec le mouvement indépendantiste, les manifestations et mobilisations éventuelles, car la patience du peuple colonisé, qui réclame son indépendance depuis plus de 40 ans et a déjà accepté de nombreux compromis, va peut-être atteindre ses limites avec ce nouveau coup de massue. Car c’est bien l’État, en refusant la conciliation et en décuplant ses forces armées [4], qui est en train de préparer une confrontation violente, et non le mouvement indépendantiste.
Survie réitère son soutien à l’indépendance de Kanaky Nouvelle-Calédonie et à la lutte du peuple Kanak et appelle l’ensemble des organisations politiques, syndicales et associatives à se positionner en ce sens et à dénoncer l’attitude coloniale de l’État français.
Pour approfondire vous pouvez lire la nouvelle brochure de Survie - Kanaky Nouvelle Calédonie : une colonie en lutte pour son indépendance une brochure pour comprendre et soutenir
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