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Aux soeurs féministes du monde entier

Chères amies,

Nous appartenons à « Abbatto i Muri », un collectif ayant pour but de sensibiliser et informer sur les thèmes de violence de genre, culture du viol et féminicide. Nous vous écrivons car ces derniers jours c’était l’enfer dans notre pays et nous voudrions y mettre fin.

Dans la nuit entre le 25 et le 26 octobre, le cadavre d’une jeune fille de 16 ans, Desirée, a été retrouvé dans le quartier San Lorenzo à Rome. L’autopsie a relevé une overdose d’héroïne et un viol exécuté par plusieurs hommes. À la douleur pour ce terrible évènement s’ajoute la rage face au comportement de notre ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, représentant du parti raciste, machiste, homophobe et xénophobe Lega Nord, qui s’est précipité sur le lieu du délit afin d’utiliser ce crime pour continuer sa campagne contre les immigrés.

Il faut remarquer que, dès le début du 2018, les cas de féminicide en Italie s’élèvent à 71, dont la quasi-totalité a été perpétrée – comme l’on peut imaginer – par mari ou ex-mari, copains ou ex-copains, concubins, pères ou d’autres membres de la famille. Cependant, quand c’est un italien à violer et tuer la victime, le ministre Salvini se tait.

Nous cherchons à défendre la dernière victime de viol et féminicide, Desirée Mariottini, par quiconque voulant instrumentaliser son cadavre pour conduire ses propres politiques racistes. En outre, le ministre et d’autres représentants de partis d’extrême droite sont en train d’utiliser cet événement terrible pour mettre en œuvre une militarisation du territoire. Ce type de mesures fascistes n’a rien à voir avec le bien-être des femmes. En effet les mêmes politiciens continuent à attaquer et essayer d’abolir la Legge 194, notre loi sur l’avortement. Le gouvernement actuel ne donne aucune importance aux besoins des femmes mais il cherche seulement à discréditer les luttes féministes pour nous ramener en arrière d’au moins 50 ans.

Nous crions fort notre douleur pour ce qui est arrivé à Desirée et à beaucoup d’autres avant elle. Nous soutenons d’avoir besoin de politiques visant à la prévention de la violence de genre et de la culture du viol et non pas de gendarmes. En associant la violence exclusivement aux immigrés, on essaie à déplacer l’attention du peuple puisque, en réalité, ces gens nient l’existence de la violence de genre et nous appellent féminazies.

Nous avons besoin que notre voix arrive le plus lointain possible pour qu’elle ne soit pas effacée par ceux qui ne s’intéressent pas à la santé et au bonheur des femmes. Nous avons besoins d’expliquer que la culture du viol nous entoure chaque jour, à n’importe quel moment, chaque fois qu’une fille est violée par un "Italien" et dans notre pays on dit qu’elle l’a cherché. Nous en avons marre de voir nier nos droits et d’être totalement ignorées quand nous affirmons qu’en cas de viol la responsabilité n’appartient pas à une jupe, une bière ou à un immigré. Elle appartient aux hommes, ce sont eux qui violent et nous devons nous défendre d’eux.

Nous sommes sûres que les journaux italiens les plus célèbres n’écrieront pas les mêmes choses et alors nous nous adressons à vous directement, sœurs féministes, pour que notre vérité arrive plus loin.

Nous vous embrassons toutes.

Par Abbatto i Muri
abbattoimuri.wordpress.com

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