Ils sont la mort : ça va être leur fête !
Lorsqu’ils ont détruit l’Amassada, ils ont commencé par raser le potager. Ils ont passé un très gros gyrobroyeur sur les légumes qui s’envolaient en morceaux. Puis ils se sont attaqués, à coups de pelleteuse à chenilles, à la frêle éolienne artisanale que nous avions construite, l’abattant en quelques secondes. Depuis cinq ans, c’est elle qui alimentait le hameau, résistant vaillamment aux buffades hivernales du causse. Elle ne donnait pas beaucoup d’électricité, mais cela suffisait pour les vies que nous inventions là-haut. En arrivant par les chemins, c’est elle que l’on voyait d’abord, avec ses fanions colorés, preuve s’il en fallait que l’on peut faire mieux que ce monde suicidaire.
Mais les bulldozers, ceux qui les conduisent et ceux qui les commandent, sont insensibles aux démonstrations. Et c’est en écrasant des lieux d’inventivité et de partage qu’ils installent leur soi-disant « écologie » pourvoyeuse de dividendes. Ainsi s’opère la « transition énergétique », à coups de pelleteuses, de matraques et de lacrymogènes, et aucun vernis publicitaire ne nous le fera oublier. L’Amassada a été remplacée, blindés à l’appui, par un fortin policier entouré de barbelés, un fortin comme on en a déjà vu ailleurs. Partout où la population s’oppose à un projet délétère, l’argument et la désolation sont les mêmes : sol à nu, grillages, caméras, gendarmes, vigiles, chiens, spots surpuissants, etc. Notre éolienne artisanale, et les maisons-cabanes qui l’entouraient, étaient un rempart à l’invasion des milliers d’aérogénérateurs industriels prévus dans la région si le méga-transformateur voyait le jour.
Mais pour l’instant, le chantier n’a pas commencé. À l’image du projet, il est prévu qu’il soit titanesque : déplacement des pylônes pour le doublement de la ligne THT, circulation d’une centaine de poids lourds par jour pour évacuer les déblais, acheminement de cuves gigantesques depuis le port de Sète, etc. Chacune de ces contraintes techniques représente une prise potentielle pour nous. Comme disent les No TAV : « a sara dura », ça va être dur. Pour RTE.
Ça va être dur pour eux à condition que vous nous aidiez : vous qui luttez contre les projets industriels quelque part, vous qui vous battez en gilets jaunes depuis un an, vous qui combattez les violences policières, vous des villes ou des campagnes… On s’est souvent pris à rêver que tous les gens qui depuis le début de la lutte sont passés à l’Amassada s’y trouvent un jour réunis. Il est désormais impérieusement temps que ce jour advienne. Hasard du calendrier, ce sera le week-end de la Toussaint, plus particulièrement le jour des morts pour la grande manifestation. Et comme un fait exprès, RTE prévoit de creuser un immense trou de béton, là-haut sur la Plaine. Une tombe. À nous de faire en sorte que ce soit celle de leur projet.
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