La une de CRIC est présentement occupée par un texte d’"analyse" très confus sur la consomation d’alcool et de tabac. En plus d’être méprisant et d’enfoncer des portes ouvertes, ce texte semble vouloir d’une part généraliser des situations spécifiques (d’une partie du milieu qui utilise les bars commerciaux comme lieux de socialisation), et d’autre part se refuse à tout travail d’analyse pertinent. Le texte se présente comme un texte d’analyse, mais délivre seulement un point de vue exclusivement, subjectif, simpliste, réducteur et confusioniste. On ne traite pas des questions de culture d’intoxication dans un texte rageux de 15 lignes parce qu’on a froid en terrasse l’hiver...
La consomation de drogues dans les milieux militants est effectivement une problématique qui mérite qu’on s’y penche. Il y a beaucoup à en dire, avec des spécificités en fonction des milieux (les milieux queer par exemple sont touchés de façon particulière par la drogue, par exemple). C’est un sujet qui mérite d’être analysé.
Affirmer que "nos" temps sont organisés autour d’espaces marchands de drogues. Mais qui est ce "nous" ? C’est peut-être la première question que pose ce texte, et son premier gros défaut : il n’est ni situé, ni adressé, laissant la possibilité à de nombreuses personnes vulnérables de se sentir attaquées et blessés. L’"alcolo-dépendance" (sic) a un nom, c’est l’alcoolisme. C’est une addiction serieuse, dangreuse, et si certes certaines personnes ne réalisent pas leur alcoolisme, la position de l’auteur qui prétend nous révéler la vérité cachée tabou++ de l’infini selon laquelle les gens qui boivent tout les jours sont alcooliques... Merci, merci, on avait besoin de ça. En tant que personne dépressive et polytoxicomane, j’ai besoin que des petits sXe frustrés d’être en terasse de bar parce que, quand même, il fait froid l’hiver, vienne m’informer, dans une démarche salvatrice, de mon alcoolisme refoulé et me rassure en disant qu’il ne me juge pas, même s’il déplore que "toute la lutte" se fasse "dans la fumée de clope arrosée par de la mauvaise blonde pression". Mais pas de blame ou de culpabilisation, hein ? D’ailleurs merci, heureusement que t’es là, je m’étais jamais fait la reflexion que l’alcool était un système interdépendant du capitalisme. Trop cool que tu sonnes l’alarme, ça va surement aider les alcooliques à se remettre en question, iels n’y avaient jamais pensé !
"Toute la lutte", qu’est-ce que tu veux dire par là ? Si tes potes/camarades ne peuvent pas s’empecher de dépenser leur argent dans des bars et dépasser leur budget loyer en clopes, c’est surement pas par pur plaisir. L’alcool et le tabac sont des addictions serieuses. Si t’as des choses à leur reprocher sur leur façon de rendre leurs espaces de vie accessible a des personnes non-fumeuses, parle-leur. S’iels te méprisent quand tu leur demandes de ne pas te souffler de fumer à la gueule, change de potes, franchement le milieu grenobois est assez grand pour ça, trouve de meilleurs compagnon.nes de lutte. Mais ne fais pas porter de manière indiscriminée et gratuite à tout les alcooliques du middle la responsabilité des actions de quelques-uns. Vas lire des borchures sur la culture de l’intoxication, diffuses-en, tu peux même écrire si tu veux mais par pitié n’écris pas ça. Un texte de 15 lignes pour dénoncer le fait que "toute la lutte" est intoxiquée et irrespectueuse... Quelle lutte ? Quel "tout ? De qui tu parles ? À qui tu parles ? D’où tu parles ? Ne prétends faire de l’analyse politique pour livrer sur un site d’information publique des critiques perso à tes potes toxiques.
On a pas besoin de sXe audacieux qui viennent nous parler cash et enfoncer des portes ouvertes, on a besoin de processus collectifs pour permettre aux besoins de chacun de coexister, et aider ceux qui on ont besoin et envie à s’en sortir.
Je comprend meme pas comment ce texte a été accepté dans la rubrique analyse du CRIC, ça n’a rien à faire là. C’est violent, méprisant, généralisant. C’est une insulte à toutes les personnes qui font l’effort de produire des texte d’analyses serieux sur le sujet. Je met en lien quelques brochures sur le sujet :
Vers un monde moins défoncé et merdique
Mon Edge est tout sauf Straight : vers une critique queer radicale de la culture de l’intoxication
Compléments d'info à l'article