Publier

[BROCHURE] TRANSMISOGYNIE ET CULTURE DU VIOL dans les milieux féministes / queers / militants

Je suis une femme trans, non-binaire.

Je livre des fragments de mes expériences de violences sexuelles et de la culture transmisogyne du viol que j’ai rencontrée dans les milieux anarchistes, féministes, « queers » et TPG.
Je parlerai peu ou pas de l’en-dehors de ces milieux car de toute manière la transmisogynie féministe/queer/tpg est exactement la même que dans le reste de la société patriarcale. Les arguments et le vocabulaire utilisés sont parfois différents, la manière de politiser la haine des femmes et des non-binaires amab prend quelques formes spécifiques. Mais au fond ce sont les mêmes stéréotypes, le même sexisme, le même essentialisme, les mêmes ressorts, que ça vienne de TERF, de masculinistes d’extrême droite, de gauchistes, de féministes radicales prétendument « trans-inclusives » ou de certain.e.s queers. Malgré mes désaccords avec elle, je conseille la lecture du Manifeste d’une femme trans de Julia Serano pour l’analyse de la transmisogynie dans un contexte plus large.

C’est important de parler de ces milieux, pour casser l’idée que la transmisogynie et les violences sexuelles et sexistes seraient uniquement le fait des hommes cisgenres, et parce que c’est dans ces milieux qu’on imagine trouver un refuge et du soutien. Ce qu’on vit dans ces milieux où on déconstruit la culture du viol montre qu’il y a une culture SPECIFIQUE qui légitime, minimise, normalise, invisibilise les agressions sexuelles et violences conjugales sur les femmes trans, les personnes transféminines et non-binaires amab. Et cette culture démonise ou excuse des agressaires en fonction de critères sexistes (sexe, assignation de genre, passing).

La culture du viol c’est partout, la transmisogynie c’est partout. Ne fermez pas les yeux quand nos oppresseur.euses et nos agresseur.euses sont vos potes, quand ils/elles/iels sont des meufs cis, des queers, des féministes. Ne fermez pas les yeux. Arrêtez de nous silencier.

Suite du texte sur https://neviahtf.wordpress.com/2024/07/09/transmisogynie-et-culture-du-viol-dans-les-milieux-feministes-queers-tpg-militants/

PDF page par page et cahier en fin d’article

Glossaire (plusieurs de ces définitions font l’objet de débat, elles doivent donc être considérées comme des opinions situées et discutables).

Cis / cisgenres : personnes dont le genre correspond à celui qui leur a été assigné. Personnes non-trans.
Trans* : personnes dont le genre ne correspond pas à celui qui leur a été assigné. L’astérisque est utilisée pour insister sur l’inclusion de toutes les personnes trans. Ca inclut donc les personnes non-binaires, agenres, abinaires, les trans dans le placard ou qui ne transitionnent pas médicalement / socialement, etc
Cisnorme / cissexisme : système patriarcal qui établit les personnes cisgenres, leurs vécus, leurs corps comme la norme, comme meilleurs, naturels, vrais, authentiques, et qui nie ou minorise les corps, vécus et existences trans*. A un autre niveau, la cisnorme et le cissexisme obligent les personnes trans à se fondre dans une norme cisgenre pour être acceptés.
Dysphorie de genre : sentiment de mal-être pouvant être ressenti par des personnes trans en raison du cissexisme, de la transphobie. Sentiment d’inadéquation entre l’assignation sociale du genre et l’identité / le ressenti de genre. Peut être une dysphorie corporelle, un sentiment d’inadéquation entre son corps et le corps qu’on aimerait avoir.
AMAB / AFAB : assigned male at birth / assigned female at birth. Assigné.e garçon / fille à la naissance. Ces mots désignent le processus social d’assignation à un genre à la naissance. L’usage de ces mots dans cette brochure est lié à leur usage dans les milieux décrits, qui est critiquable. La vidéo de H Paradoxae "Quand le vocabulaire inclusif devient transphobe" porte une excellente critique.
Non-binaire / NB / enby : genres non-binaires, terme parapluie qui englobe tous les rapports non-binaires au genre. Ca peut être le genre neutre, l’absence de genre, la multiplicité ou la fluidité du rapport au genre, les xénogenres, etc. Les genres non-binaires sont inclus dans le parapluie trans* mais certaines personnes non-binaires ne s’y reconnaissent pas, et il y a beaucoup de transphobie contre les personnes non-binaires, même au sein des communautés trans.
Enbyphobie : oppression spécifique des personnes de genres non-binaire.
TERF : féministes radicales excluant les trans. Ce terme désigne aussi bien les personnes qui ont une idéologie anti-trans affirmée (par ex. Marguerite Stern) que des féministes qui revendiquent l’inclusion des personnes trans mais dont l’idéologie et les pratiqes excluent de fait les personnes trans ou certains groupes de personnes trans.
Ace : abréviation de asexuel. Voir asexualité / aromantisme.
Intersexe : "L’intersexuation désigne la situation sociale des personnes nées avec des caractéristiques sexuelles primaires et/ou secondaires considérées comme ne correspondant pas aux définitions sociales et médicales typiques du féminin et du masculin." Cf. le site du CIA-OII. Les personnes intersexes vivent une oppression spécifique, parfois appelée intersexophobie.
Dyadiques : personnes non-intersexes.
Cispassing : capacité d’une personne à être lue comme une personne cis.
Gaslighting : "Le gaslighting est une forme de manipulation mentale dans laquelle l’information est déformée ou présentée sous un autre jour, omise sélectivement pour favoriser l’abuseur, ou faussée dans le but de faire douter la victime de sa mémoire, de sa perception et de sa santé mentale." (wikipedia)
Ghoster : le ghosting consiste à mettre fin à une relation avec une personne en interrompant sans avertissement ni explication toute communication et en ignorant les tentatives de reprise de contact de l’autre. (wikipedia)
Stalking : forme de harcèlement et parfois d’intimidation, qui peut inclure le fait de suivre ou surveiller une personne, de rechercher des informations sur elle, de s’immiscer dans sa vie, etc.
PiV : penis in vagina, pénis dans vagin.
TPG : Trans-Pédé-Gouine. Mixité choisie de certains évènements, ou auto-définition de certains milieux.
Call-out : littéralement "interpellation, appel à voix haute". Fait de reprocher publiquement ou largement des actes oppressifs, violents, etc. Le terme est utilisé pour beaucoup de pratiques différentes, à des ampleurs différentes. Le but peut être de visibiliser une situation, de prévenir des potentielles victimes, de faire pression pour obtenir un changement dans un collectif ou chez une personne, etc. Le call-out peut aussi être punitif ou abusif.

Documents associés à l'article :

Derniers articles de la thématique « Féminismes / Genres / Sexualités » :

Ton masque, camarade ! // Une émission de Minuit Décousu

1h de radio pour découdre à nouveau la question de l’autodéfense sanitaire, cette semaine, on revient sur les moments pivots de la pandémie, on donnant la parole à des personnes en lutte et on cherche dans l’histoire de la santé publique et de la lutte contre le sida des réponses à nos...

marché des créateur.ices queer de Grenoble fiertés

L’association Grenoble Fiertés organise son premier marché de créateur.ice.s queer ouvert à tous.tes samedi 30 novembre à la capsule, 21 Rue Boucher de Perthes à Grenoble, entre 12h et 19h. 14 créateur.ice.s queer grenoblois.es seront présent.e.s : Marina Tziarav (@tziarart ), Lenn...

> Tous les articles "Féminismes / Genres / Sexualités"

Publier/Participer !

Comment publier sur CRIC?

CRIC n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil participatif et collectif qui permet la médiatisation d’articles que vous proposez. La proposition d’articles se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié-e !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail : contactcricgrenoble[at]mediaslibres.org