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Appel à la Pride de l’assemblée féministe de Grenoble

Notre texte d’appel :

Nos fiertés sont féministes !

En tant qu’Assemblée Féministe, nous réaffirmons que les luttes féministes et LGBTI ont les mêmes racines. Nos féminismes se construisent en pensant l’hétérosexualité et le patriarcat comme des régimes politiques qui assignent des rôles aux individus et assoient des rapports de domination. Même si nos conditions matérielles d’existence ne sont pas strictement identiques, les contrôles du corps des femmes et des personnes LGBTI servent un même système hétéropatrical capitaliste. Par exemple, la lutte contre les injonctions liées à la maternité pour les femmes cis, la lutte des personnes trans pour l’accès à des traitements hormonaux, notre lutte collective pour une parentalité autodéterminée ou encore la lutte des personnes intersexes pour l’arrêt des mutilations qui visent à rendre les organes génitaux conformes aux représentations binaires s’inscrivent ensemble dans une lutte pour disposer librement de nos corps. Militant·es féministes, nous luttons contre l’homophobie et la transphobie et nous refusons que nos revendications de vivre librement nos sexualités soient instrumentalisées par un État libéral au service de politiques racistes et classistes, par les entreprises privées qui capitalisent sur nos vies et par l’extrême-droite qui instrumentalise nos luttes. 

Les États-Unis : laboratoire des politiques anti-féministes

Les TERFs (pour Trans-Exclusionary Radical Feminist) ainsi que la droite et l’extrême droite françaises s’inspirent largement des politiques transphobes et antiféministes mises en oeuvre aux États-Unis pour les appliquer en France, c’est pourquoi il est important de comprendre ce qu’il s’y passe. 
Aux États-Unis, les droits des femmes et des personnes LGBTI ont en effet subi d’importants reculs cette année. De nombreux États ont remis en cause le droit à l’IVG, en profitant du renversement par la Cour Suprême de l’arrêt Roe vs Wade (qui faisait jurisprudence en matière de droit à l’avortement) pour limiter les conditions d’accès, réduire drastiquement la durée du délai légal d’IVG, voire l’interdire totalement.
 
En parallèle, certains États, souvent les mêmes, ont adopté des lois transphobes. Par exemple, l’État de Floride a voté l’interdiction des parcours de transition aux mineur·es (interdiction des bloqueurs de puberté, d’accès aux hormones ou aux chirurgies). Des restrictions d’accès pour les adultes aux thérapies hormonales de substitution ont également été votées en interdisant la prise en charge publique des traitements médicaux. Ces lois s’inscrivent dans une série de mesures anti-trans et anti travestissement après l’adoption de la loi appelée "Dont’ Say Gay" qui interdit toute mention des questions d’orientation sexuelle et de genre dans les écoles floridiennes de la primaire au lycée.

Lutter ici contre l’extrême droite et son projet de société

Sur ce modèle, l’extrême-droite française développe des paniques morales autour des questions LGBTI depuis des années. Ces tentatives trouvent un écho et un relai dans les rangs de la droite traditionnelle, des libéraux et parfois même de la gauche. Les polémiques récentes autour des affiches et du "lexique trans" du planning familial et autour des lectures de livres pour enfants animées par des drag-queens prouvent l’implantation idéologique des idées réactionnaires dans les médias et dans la société. On constate une recrudescence des attaques visant à terroriser et à attenter à la vie des militant·es féministes et LGBTI. À la fin de ce mois de Mai, le centre LGBTI de Tours a subi une nouvelle attaque par des groupuscules d’extrême droite, la sixième depuis le début de cette année. Les planning familiaux sont régulièrement la cible d’attaques et de vandalisme, comme à Bordeaux et à Strasbourg. A Paris, un bar LGBTI et les militant·es qui s’y retrouvent ont été ciblé·es par la police. À Grenoble, l’Alliance Vita s’invite tous les ans pour organiser des évènements réactionnaires, transphobes et anti-IVG. 

Cette vague réactionnaire s’appuie sur les mouvements transphobes se revendiquant féministes qui se sont constitués et organisés en France. Puisant leurs racines dans une dérive conservatrice du féminisme radical et matérialiste, les têtes de proue de ce mouvement ont récemment pris leurs distances avec la notion même de féminisme radical en se revendiquant femellistes par le biais d’un manifeste s’alignant sur les prises de position des TERFs anglo-saxonnes. Ce mouvement développe une vision essentialiste des êtres humains en liant la condition sociale et l’oppression des femmes à leur biologie et particulièrement à leurs organes génitaux. Les femmes sont réduites à leur utérus et à leur capacité à enfanter et les femmes trans sont diabolisées. Ces mouvements [Ils] critiquent une "idéologie transgenre" fantasmée qui obligerait les "jeunes filles" à transitionner pour échapper à leur condition féminine et serait vectrice d’un grand remplacement des femmes par "des hommes". Leurs propos sont dangereux, pathologisent et criminalisent les personnes trans. De plus, ces mouvements trouvent des appuis dans les rangs du féminisme libéral actuellement au pouvoir. Dora Moutot et Marguerite Stern, porte-paroles des femellistes, ont été reçues plusieurs fois par la ministre Marlène Schiappa et la députée Renaissance Aurore Bergé notamment pour lutter contre l’interdiction des thérapies de conversion pour les personnes trans, pour exclure les hommes trans de la constitutionnalisation de l’IVG et militer contre la simplification des changements d’état-civil pour les personnes trans.

S’opposer à un État libéral et raciste

Ces liens entre les TERF françaises et les représentantes du fémonationalisme actuellement au pouvoir sont un énième signe de craquement du masque progressiste derrière lequel le gouvernement ne cherche même plus à se cacher. Ses maigres tentatives récentes de pink et de purple-washing*, comme l’annonce de l’admission des personnes séropositives dans l’armée, un énième numéro vert pour lutter contre les discriminations ou les 5 millions de flyers contre le harcèlement distribués par la police, peinent à cacher son inaction en matière de droits des femmes et des personnes LGBTI.

Les politiques de casse du service public précarisent par ailleurs une grande partie de la population et touchent particulièrement les personnes LGBTI. La privatisation croissante des services publics et le durcissement de l’accès aux minima sociaux renvoient les plus précaires à la solidarité familiale dont une partie des LGBTI sont exclu·es. La réforme annoncée du RSA, visant à forcer les allocataires à travailler gratuitement, va précariser encore plus profondément les bénéficiaires qui sont en majorité des femmes mais également des personnes LGBTI qui subissent des discriminations à l’embauche. La réforme des retraites récemment imposée par le gouvernement pénalise particulièrement les femmes et personnes LGBTI plus concernées par les emplois précaires et les carrières hachées. 

Nous sommes aussi très inquièt·es de l’impact que les réformes incessantes du droit des migrant·es peuvent avoir sur les personnes LGBTI. La loi Darmanin s’attaque violemment aux droits des migrant·es, en supprimant par exemple l’Aide Médicale de L’État qui permettait aux personnes en situation irrégulière d’accéder à des soins médicaux. Nous craignons que les migrant·es en transition ne parviennent plus à accéder à leur traitement hormonal. Avec cette réforme, le sort des demandeur·euses d’asile ne dépendra plus que d’un seul juge : les migrant·es LGBTI devront, encore plus qu’aujourd’hui, se conformer aux attentes et représentations stéréotypées des personnes LGBTI pour espérer obtenir le droit d’asile. La loi Darmanin prévoit enfin un renforcement général des dispositifs sécuritaires qui touchera non seulement les migrant·es mais également les Français·es racisé·es. Nous nous y opposons fermement.

En ce qui concerne l’accès aux soins, les femmes et les personnes LGBTI sont de plus en plus souvent confrontées à des pénuries les empêchant d’accéder librement et sereinement à leurs droits. 
Pendant plusieurs semaines, les pénuries de pilules abortives ont restreint l’accès à une IVG médicamenteuse et les ruptures de stocks récurrentes de testostérone laissent régulièrement de nombreux·ses hommes trans et personnes transmasculines sans traitement et sans autre solution que l’entraide communautaire. La garantie d’accès et la diversification des productions pharmaceutiques constituent donc un enjeu essentiel pour assurer la libre disposition de nos corps. Nous refusons que notre santé, notre bien-être et nos transitions, soient soumises aux lois du marché

Pour un féminisme fort et fier !

Face aux discours et violences réactionnaires qui menacent nos droits et portent atteinte à nos vies, nous appelons à descendre dans les rues pour la marche des fiertés. Pour exprimer notre joie d’être féministes, gouines, pédés, bi, trans, intersexes et non binaires et faire l’expérience de notre puissance collective. 
Nous réaffirmons l’importance d’adopter des méthodes de luttes collectives qui expriment notre fierté, en liant dignité et insolence. Pour ne plus ressentir la honte d’exister, la honte de nos corps, de nos amours, de nos sexualités que cette société tente de nous imposer. Pour prendre de la place, se réapproprier l’espace public, résister et riposter aux violences, passer à l’offensive pour imposer la société que nous désirons. 

Nos existences, notre auto-organisation et nos luttes remettent en cause ce système hétéropatriarcal ! Tant mieux, nous voulons le détruire !

Nos revendications :
- Réinvestissement massif de l’État dans les services publics pour assurer la prise en charge sociale et financière par la collectivité des personnes rejetées par leurs familles.
- Régularisation des personnes sans-papiers et systématisation du droit d’asile pour les personnes LGBTI.
- Formation du personnel soignant et éducatif sur le genre, les transidentités et les sexualités
- Mise en place dans les écoles de séances de discussion sur ces thématiques
- Programmes de lutte contre les harcèlements à caractère LGBTIphobes à l’école et au travail
- Arrêt des mutilations sur les personnes intersexes
- Application stricte des dispositions de la loi de 2016 concernant les changements d’état-civil. Arrêt des pratiques hors-la-loi de demandes de pièces médicales par les tribunaux dans un premier temps et déjudiciarisation des changements de genre à l’état-civil. Changement d’état-civil libre et gratuit.
- Accès à la parentalité à toutes celles et ceux qui le souhaitent (ouverture de la PMA aux personnes transmasculines, facilitation des démarches et arrêt des discriminations dans la procédures d’adoption).
- Accès des personnes trans aux pratiques sportives dans la catégorie qui leur correspond.
- Prise en charge par l’État de la production des traitements permettant la libre disposition de son corps (pilule, pilule abortive, thérapies hormonales de substitution).
- Parcours de transition libre et remboursement total par la sécurité sociale de tous les types de traitements hormonaux de substitution : autorisation de commercialisation et de mise sur le marché d’hormones féminisantes injectables, remboursement des hormones masculinisantes transdermiques.
- Retrait de la réforme des retraites.
- Retrait du projet de réforme de l’immigration et du droit d’asile.
- Retrait de la réforme du RSA.

* : On parle de pink/purple washing lorsqu’un État ou une entreprise cherche à se donner une image progressiste en utilisant comme un vernis des arguments féministes ou pro-LGBTI, sans véritable changement de ses pratiques ou remise en cause profonde du système. Israël a par exemple développé une communication "gay friendly" pour tenter de redorer son image et faire oublier son colonialisme meurtrier.

Plus d’infos pratiques (notamment sur l’accessibilité et le cortège handi) à retrouver sur l’instagram de @grenoblepride ou sur leur page fb.

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