Bonjour,
Je me baladais tranquillement sur un agenda contre-culturel grenoblois quand je suis tombée sur l’annonce d’un concert de soutien aux soignant·es suspendu·es, au Transfo le 19 novembre. Voilà, je suis tombée sur ça et je suis restée estomaquée et au bord des larmes.
Je vais vous faire un petit résumé de la situation et je vais vous dire pourquoi ça ne va pas du tout…
ça fait bientôt trois ans qu’on vit une pandémie mondiale de covid 19, qui a fait et continue de faire des millions de mort·es et de produire massivement du handicap. Face à cette pandémie le gouvernement français a pris des décisions et des mesures : certaines tout à fait absurdes et humiliantes, certaines inefficaces, il a pour sûr fait un usage opportuniste de la pandémie pour servir son agenda politique. Ok pas de problèmes je partage ces constats. Bon. Il demeure que la pandémie existe réellement et qu’elle a des effets conséquents et graves. A l’heure actuelle le gouvernement se lave d’ailleurs bien gentiment les mains de ces conséquences en essayant de faire croire qu’il n’y a plus de problèmes.
Et dans cette situation pandémique, a un moment donné, en France on a eu la chance d’ avoir à disposition un outil collectif, certes imparfait et insuffisant, à compléter par d’autres mesures comme l’aération et le port du masque (ce que le gouvernement essaye de nous faire oublier) mais néanmoins fort utile. La vaccination. La technologie de ce vaccin était étudiée depuis longtemps, les essais cliniques ont été réalisés en bonne et due forme, ces vaccins présentent des effets secondaires, comme tous les vaccins, médicaments et même plantes ayant un principe actif. Ces vaccins même sans empêcher complètement les transmissions font quand même baisser les charges virales.
Dire ça ce n’est pas défendre l’usage du pass sanitaire par le gouvernement.
Par contre il serait peut être pas mal de rappeler que les soignant·es leur boulot c’est de prendre soin des malades, des personnes âgées, des personnes fragiles et immunodéprimées bref de nous, de nos proches, de tout le monde. De part cette place particulière iels étaient déjà soumis·es avant la pandémie à différentes obligations vaccinales, pour des raisons d’éthique et de soin collectif. Si il y a bien des choses à critiquer dans la médecine et les rapports de pouvoir qui la traverse, cela ne peut se faire depuis une posture morale qui la rejette comme un bloc homogène, qui serait néfaste sur tous les plans.
Si pendant les premières semaines de distribution du vaccin, il est tout à fait compréhensible qu’il y ait eu des hésitations, désormais les agent·es qui refusent le vaccin le font pour des raisons idéologiques qui sont contraires aux intérêts collectifs et aux intérêts (dans certains cas on parle de survie) des personnes avec qui iels sont censé·es travailler.
Quand iels font ce choix, iels ne sont pas les victimes d’un système d’oppression, iels choisissent, pour des raisons qui prennent souvent appui sur une idéologie réactionnaire, de s’opposer à un geste de protection collectif. Si ces personnes ont besoins de soutien, en tant qu’individus, très bien, c’est important qu’elles en obtiennent. Mais organiser un concert de soutien spécifiquement pour ell·eux, en tant que groupe, ce n’est quand même pas tout à fait pareil : c’est valoriser leur geste mortifère.
Alors quand un site ou un lieu, qui se revendiquent des valeurs de solidarité et d’émancipation, relaient ou accueillent ce genre d’événement, c’est la honte, c’est un crachat au visage de tous·tes les autres soignant·es, c’est un crachat au visage de tous·tes celles et ceux qui ont perdu des proches pendant cette pandémie, c’est un crachat au visage de celles et ceux qui vivent avec des séquelles du covid, c’est un crachat au visage de celles et ceux qui sont à nouveau confiné·es depuis la fin des mesures de protection collectives…
C’est le visage trempé, de larmes et de mépris, donc que je demande l’arrêt de la publicisation de cet évènement et son annulation.
A.
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